Evasion  saharienne

Voyage au Maroc janvier 2005

 

Éléments de base pour comprendre la formation des dunes

 

Une dune est une accumulation de sable de 0,3 à 400 mètres de hauteur et de 1 mètre à plusieurs kilomètres de longueur, dont la forme est liée aux dynamiques éoliennes. Le vent peut transporter les particules fines de sable sur des milliers de km et, à la faveur de masses d’air ascendantes, atteindre la circulation atmosphérique à plus de 3000 m d’altitude. Sa capacité à mobiliser les grains de sable dépend de sa vitesse : plus le vent est rapide, plus sa capacité à transporter des grains est forte. Et réciproquement, lorsque sa vitesse diminue, son pouvoir de suspension baisse et le sable se dépose sur le sol. Un dépôt de sable est donc la transcription topographique de l’affaiblissement local de la vitesse du vent.

 

Qu’est ce qui perturbe, qu’est ce qui freine le vent ? Il existe plusieurs réponses à cette question. Et chaque réponse correspond à un type différent de dune. Nous allons les passer en revue

 

un ou des vents contraires.

 

C’est un cas extrêmement fréquent, qui peut prendre des formes variées :

lorsque le vent n’a pas de direction préférentielle, on observe la formation de dunes pyramidales ou Ghourd : elles sont composées de 3 ou 4 bras radiaux dépendant de direction de vent inversées. Ce sont en général de hautes dunes stabilisées (elles ne se déplacent pas)

Lorsque deux ou plusieurs vents se rencontrent, il s’en suit un « conflit » entre les deux courants, conflit qui se traduit par la formation d’un nouveau vent dont la direction est une moyenne des deux premiers. Le point de rencontre des deux vents est marqué par un ralentissement de leur vitesse donc par la formation d’une dune qui marque la « frontière entre les deux masses d’air. Ce type de dunes est donc linéaire, symétrique, et parallèle au sens du vent dominant (c'est-à-dire la résultante). On l’appelle Dune longitudinale. Plusieurs sous-cas existent :

lunette : cordon dunaire linéaire très symétrique qui souligne les littoraux ou les lacs (sebkah) : elles doivent leurs formes symétriques à l’alternance de deux vents opposés et de force strictement égale : la brise de mer (le jour) / brise de terre (la nuit)

Silk ou Drâa: à la rencontre de deux vents permanents et de force égale, se forme des cordons dunaires linéaires symétriques, remarquablement fin et long de plusieurs KM. (même forme que la lunette, seule les conditions de formation diffèrent) entre deux cordons, on trouve un grand couloir de dépression, le gassi

Sifs : les vents contraires ne sont pas toujours réguliers !! on a alors affaire à des dunes à mi-chemins entre les dunes pyramidales et longitudinales : ce sont les sifs, c'est-à-dire des dunes linéaires mais sinueuses, à crête aiguëe souvent irrégulière…ou si l’on préfère un ghourd très allongé et constitué d’une suite de sommets.

 

un obstacle qui laisse passer le vent et le sable

 

Un buisson est un obstacle qui ralenti (sans arrêter) le vent sur un secteur très précis. Le dépôt de sable va s’opérer dans cette zone.

On a alors la formation d’une nebka, sorte de dune très étroite. Sa particularité est d’être la seule dune à avoir un côté au vent plus pentu que le côté sous-le-vent. Cela s’explique facilement : la charge sédimentaire du vent décroît entre l’obstacle et la pointe de la dune. Remarque : si l’obstacle ne laissait pas passer le vent (un gros cailloux) alors le dépôt de sable serait nul, donc plus faible que sur les secteurs exposés au vent. On observerait alors une dépression épousant parfaitement le secteur dépourvu de vent : ce serait une sorte de nebka en creux…

 

 

 

plusieurs obstacles

 

Une masse d’air inégalement freinée par un réseau d’obstacles peut sculpter des dunes paraboliques ( des sortes de barkhanes inversées) en gros, le vent est plus fort au centre de la dune que sur les cotés (cornes de sables qui se forment dans le prolongement de l’obstacle)

 

 

 

 

un obstacle topographique qui ne laisse pas passer le vent :

 

Lorsque le vent rencontre un massif rocheux, il est naturellement fortement perturbé. En gros trois cas sont possibles :

-écho dune : le vent frappe de façon perpendiculaire un front rocheux élevé. Cela se traduit par deux mouvement : d’abord il rebondit, en suite il va longer la barre rocheuse. Ces deux mouvements forment des vents contraires au vent initial, qui est ralenti à distance des rochers. Il s’y forme une dune linéaire (comme un silk)

-dune montante : le vent est piégé dans une indentation du massif : le sable s’y dépose jusqu’à franchir l’édifice et former une dune tombante de l’autre coté

 

 

un obstacle topographique mouvant : quand la dune crée la dune 

 

Une dune est, elle-même, un obstacle topographique susceptible de freiner le vent. S’il faut souvent un obstacle pour créer une dune, la dune va très vite devenir autonome, freiner elle-même le vent et donc s’auto-générer. Ce type de dune est extrêmement courant : ce sont les barkhanes. D’une certaine façon, toutes les dunes ont plus ou moins tendance à devenir des barkhanes : c’est un peu la dune adulte, la dune mature, celle qui est enfin devenue autonome. Les dunes transversales au vent (paraboliques et barkhanes) ont une structure dissymétrique :   on distingue un coté exposé au vent (pente plus faible) et un côté sous le vent (pente élevée).

Le schéma ci-contre nous donne une idée du mécanisme à l’œuvre : trois flux sont à remarquer : le souffle de vent proprement dit (positif flow), le souffle retour (backflow) et le vortex, sorte de perturbation tourbillonnante au point de rencontre des deux souffles.

 Le vent (positif flow) est ralenti par le changement de pente et dépose les grains de sable. Après avoir franchie la dune, le vent« amorce » un courant inverse : le backflow. Comme ce dernier est plus faible que le premier, on comprend que les sables mobilisés ne sont pas les mêmes : sur le coté au vent, les grains sont gros, le sable est plus dense. A l’inverse, sur le versant sous le vent, les dépôts ressemblent davantage à de la poussière.

On comprend également que ce type de dune va se déplacer : le vent fait perpétuellement « grimper » les grains de la base vers les hauteurs, alors que le backflow assure la cohésion de l’édifice (rôle de réassemblage) les barkhanes se déplacent dans le sens du vent.

Lorsque les cornes de plusieurs barkhanes se rejoignent, (ce qui est fréquent) de grands cordons dunaires dissymétriques se forment : ce sont les dunes transversales. Lorsqu’on a affaire à un champ de dunes transversales on parle d’Aklès

 

 

Formation d’un Ghourd

Dune longitudinale

Dune parabolique

barkhane

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